Recensions

Sociologie et cancérologie : un regard de biais, de Marie Ménoret (2023)

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Décédée en 2019, Marie Ménoret laisse derrière elle une œuvre importante sur la sociologie du cancer. Le présent recueil, assemblé par les chercheuses du Cresppa-CSU rassemble les écrits de son habilitation à diriger des recherches. On y découvre un ensemble de réflexions sur ses propres enquêtes, allant des entretiens qu’elle réalise dans le cadre du premier Plan national de lutte sur le cancer à ses travaux post-doctoraux sur le Breast Cancer Movement, incluant aussi des analyses plus tardives intégrant son expérience personnelle de porteuse d’un lymphome…

Les structures fondamentales des sociétés humaines, de Bernard Lahire (2023)

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Les structures fondamentales des sociétés humaines fait figure d’exception dans le paysage des sciences sociales en France. Son auteur, le sociologue Bernard Lahire, fait sienne l’ambition des classiques de nos disciplines en entreprenant une synthèse théorique des savoirs sur les sociétés humaines. Critiquant les effets du pluralisme et l’oubli du biologique dans les sciences sociales, il propose de refonder et d’unifier nos connaissances autour de faits anthropologiques fondamentaux. Si l’originalité de ce programme de recherche ne fait aucun doute, il peine toutefois à convaincre de sa supériorité par rapport à des formes raisonnées de pluralisme épistémologique…

Introduction à la santé globale de Fanny Chabrol et Jean-Paul Gaudillère (2023)

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Le champ de la santé globale connaît une expansion sans précédent depuis trente ans. Ses enjeux sont omniprésents lors des sommets du G7, G20 et des partenariats entre institutions supranationales – Organisation mondiale de la Santé, Banque mondiale –, fondations philanthropiques et organisations non gouvernementales. Aux États-Unis, le nombre d’universités dotées d’un cursus en santé globale – incluant un partenariat avec au moins une institution du Sud global – a été multiplié par dix de 2001 à 20111. Pourtant, la pandémie de COVID-19 a pris de court ces initiatives en laissant place à une gestion traditionnelle des États – fermeture des frontières, traçage des cas, quarantaine…

Au nom des femmes. « Fémonationalisme » : instrumentalisations racistes du féminisme, de Sara R. Farris (2022)

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L’actualité de la science politique est saturée par les obsessions médiatiques sécuritaires mêlées à la montée inexorable des formations d’extrême droite dans les démocraties libérales. C’est sur ce terrain que s’est enracinée la discussion oppositionnelle entre pluralité culturelle et féminismes, incarnée par l’essai de la philosophe Susan Moller Okins, Is Multiculturalism Bad for Women?, paru en 1999. Si l’on suit l’ouvrage de Sara R. Farris publié en 2017, celui-ci alimente une tendance fémonationaliste…

Le cinéma des midinettes, Geneviève Sellier (2023)

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Si de nombreuses études soulignent la manière dont la critique amateure en ligne de films et séries, façonne des communautés aptes à lier la représentation des personnages féminins aux enjeux féministes, leurs prédécesseurs sur papier semblent rester entachés du stigmate d’avoir été des instances promotionnelles, fidélisant les masses à la consommation des produits culturels…

Se libérer du passé et choisir : Le Silence de la Cité d’Élisabeth Vonarburg (1981)

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Publié en 1981 aux Éditions Denoël, Le Silence de la Cité est présenté comme le premier roman féministe de la science-fiction (SF) québécoise. Son autrice, Élisabeth Vonarburg, est elle-même une de ses représentantes de premier plan, impliquée dans la communauté à travers sa participation régulière au fanzine québecois Requiem (aujourd’hui la revue Solaris) duquel elle reçoit le prix Dagon en 1980 pour son recueil de nouvelles L’Œil de la nuit

Le pouvoir de la lecture, Peter Szendy (2022)

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L’augmentation exponentielle du volume de productions écrites, a fortiori sur internet, peut nous conduire à affirmer avec précipitation une démultiplication des manières de lire voire, en prolongeant le constat de Michel de Certeau, une émancipation du sujet lecteur. En suggérant que ces usages ont déjà été configurés dans l’histoire de la lecture, Peter Szendy nous invite à prêter davantage attention à une autre libération, celle de la voix qui lit, une oralité précédant l’écriture et jusqu’alors enchaînée à l’écrit…